mardi 27 juillet 2010

Douceur de la brise



Ces jours-ci Grande Ado la ressent bien, cette brise estivale, chaude et chargée d'odeurs. Davantage qu'auparavant, de façon plus sensuelle, plus profonde. Elle se gorge de soleil, et se saoule de ciels étoilés. Je regarde la jeune fille un peu frustre qu'elle était, prude même, s'épanouir en chantonnant, en rêvassant, la tête ailleurs et le coeur plein à craquer.

Grande Ado a trouvé l'amour. Du moins, les prémisses de ce qui pourrait bien évoluer vers quelque chose de plus sérieux. Coup de foudre au premier regard, sorties romantiques sans le sous au bord de la rivière par une soirée douce, puis belvédère pour contempler la ville. Des mains qui se frôlent, des peaux qui s'électrisent, des fous rires et de l'attente, celle du premier baiser, cette de l'officialisation des sentiments. Et elle revient tout me raconter à voix basse, presque timidement sur le ton de la confidence, de façon à ce que je puisse vivre un peu par procuration la magie d'un premier amour, cet unique élan. Je suis emplie de joie car la vie lui apporte cette occasion, celle d'exulter, à un age ou tout est si intense. Au contact de tout ce ressenti, elle va vivre les minutes les plus denses de sa vie, celles dont on oublie rien.

Lui, a deux ans de plus, ce qui l'amène à la majorité. Il est très posé et mature, ce qui constitue un bon point pour lui! Esprit sain dans un corps sain, il est sportif, assidu au travail (lieu de leur rencontre) et ambitieux pour l'avenir, après avoir connu une période d'hésitation. Quelque chose dans sa présence me renverse un peu, comme si je comprenais à quoi elle succombe. Il a une façon de toiser qui vous met immédiatement en confort. Il a l'air vraiment intéressé par ce que vous dites. Il est présent d'esprit, et solide intérieurement aussi. Tout ce courage pour marcher vers elle, faire les pas qu'il faut, il l'a et bien plus encore. Il me semble qu'il est plus fort de ce sentiment qu'ils entretiennent et développent, il me semble que rien ne l'arrêtera.

Elle méritait le meilleur, je crois qu'elle se l'offre. Ce n'est pas un candidat à l'université, ce n'est pas un fils de riche, c'est un futur charpentier (quand même pas à la rue si l'on considère les salaires). Mais c'est surtout un être intègre sur qui la famille entière ressent la possibilité de se fier. Et pour ne rien gâcher, il est mignon comme tout avec ses grands yeux doux et son sourire assuré. Dans quelques années, ce sera un homme assumé et sentimental à la fois.

M'enfin, on verra bien où toute cette histoire les mènera ;o)

L'été à son zénith!



Depuis que mon ordinateur est au sous-sol, temporairenent dans la maison louée, je n'y vais plus, d'où ce désert de billets. Et puis au fond, les vacances estivales, c'est aussi prendre congé de ce que nous faisons à longueur d'année. L'ordinteur fait partie de ma routine habituelle du matin, l'été est un excellent moment anti-routine. Combinaison idéale pour décrocher. En espérant ne pas perdre mon lectorat au complet! ;o)


Quelle superbe saison nous avons cette année! Et la récolte est en conséquence. Pas de surenchère sur nos produits locaux en raison de piètres récoltes, pas de manquements dans les stocks non plus. Moi qui avait délaissé mon four et mon congélateur depuis le déménagement, préférant manger frais et léger, me voilà à recommencer les oeillades de convoitise vers les derniers petits fruits, les tomates gorgées de soleil, et tous les merveilleux légumes de notre belle province.

Cette semaine j'ai réalisé une sauce au tomate maison avec le surplus qui ramollissait dans mon frigo. Ce sera délicieux en lazagne ou comme base de sauce spagg! Comme la quantité est somme toute réduite, il m'est venu à l'idée d'en apprêter davantage. Si je pouvais me passer des sauces en canne pour une bonne partie de l'hiver, ça pourrait être très bien!

Je dispose également de quelques pots de confiture et de fraises congelées entières pour mes smootties.Chaque année je suis toujours bien contente d'avoir fait cet effort. Je veux également blanchir des haricots du Québec.

Je serai à nouveau dans le déménagement dans la semaine du 1e septembre mais ça ne doit pas me faire passer à côté de cette manne qui est à portée de main! Je n'ai pas trouvé ma maison de rêve mais il faut bien atterrir quelque part! L'année scolaire va recommencer de toute façon. Ce sera probablement une autre situation temporaire, mais au moins, nous sommes cette fois dans la bonne région, et bien présents dans le marché pour une prochaine recherche.

Et vous, comment va votre popotte estivale?

dimanche 11 juillet 2010

La mémoire des émotions



Ce matin, j'ai revu mon grand-père, bien que mort depuis deux ans déjà. Sous un ciel bleu comme seule sait en étaler ardemment ma Gaspésie natale, il jouait comme un enfant avec ses deux chiens, Max et Rex. La scène avait été filmée sur vieille pellicule, du Super8 je crois. Je pouvais discerner son sourire gaillard, deviner dans ses postures et ses gestes qu'il leur parlait mentalement, sentir son plaisir malgré l'age. Même sa voix me revenait par bribes.

Sur la table de cuisine, appuyée menton sur les mains devant l'ordinateur de ma fille qui faisait rouler le disque gravé, j'ai alors reçu en plein coeur toute mon enfance, douleur mêlée de joie.

J'étais l'espace d'une seconde redevenue la petite fille qui contemplait en retrait, tel qu'il le demandait, l'un des chiens présentant un caractère retord.

On a tord de penser que le temps efface. Rien ne nous quitte de ce que nous avons été. Je crois bien qu'avec les années, certains souvenirs se cristallisent même, gagnent en clarté. Comme les émotions ne sont pas bien loin sous le vernis de la façade adulte! Lorsque nous programmons notre quotidien, nous prenons soin de nous fier sur le pilote de nos habitudes. Les couches de souvenirs qui nous composent demeurent bien sagement alignées et protégées par la plus exposée, celle qui s'est durcie au contact du grand air, celle qui doit faire face tous les jours.

Il arrive pourtant qu'elles se désalignent, les couches. C'est alors un rire qui remonte à l'air libre, une chanson, ou simplement l'impression d'une présence dont le simple fait d'en rechercher les manifestations réelles amplifie la vacuité, l'impossibilité, la finalité. Les heures passées ne reviennent plus, de même que les gens sous leur forme humaine. Je ne tiendrai plus sa main. Pourtant, il reste tellement de lui au creux de ma petite âme. Je lui en demande peut-être beaucoup, mais je sens souvent qu'il m'accompagne, qu'il sera toujours présent.

Sur cette même pellicule, je me suis vue agée d'un an environ. Quand on a trente ans passé, il est rare de posséder un vidéo de sa propre personne. Touchant, ce document réalisé en tant que souvenir familial, et ce malgré la piètre qualité des images souvent saccadées et trop rapides. Quel plaisir de voir mes parents qui s'embrassent avant leur mariage pendant un souper familial dans la vieille maison, ma grand-mère qui berce patiemment mon blondinet de petit frère tout juste marcheur, et le lac, encore le lac, le chalet, et toute la parenté que je n'ai pas connue, ces gens qui m'ont précédée et que je n'ai jamais pu remercier ou saluer...

Étrange de voir des sourires et des regards amoureux, étrange de ressentir toute cette force de vie alors que les protagonistes sont morts depuis des lunes, la plupart déjà vieux au moment du tournage. Il arrive souvent sur la bande que les grands-mamans soufflent des baisers, que les enfants saluent, ce sont autant d'appels outre-tombe qui me troublent et me rassurent tout à la fois. Ils sont mes familiers, ils m'ont ouvert la voie, je ne suis pas seule devant un vide de sens.

Point de paroles ni de sons sur cette bande, seulement la musique d'un talentueux pianiste qui tire des larmes à elle seule. Une atmosphère quasi-romantique, du noir et blanc, un véritable film muet. Et des scènes débordantes de tendresse: des bébés qui font leurs premiers pas, des mères qui les rassurent, des couples enlacés dans la brume ou dans la neige, des pics-nics familiaux sur l'herbe tendre, il y a de cela cinquante ans et plus. Les gens profitaient de la vie, oui. J'ai eu peine a y croire mais dans ma famille, avant ma naissance, mes grands-parents et leur parents dansaient le charleston au salon, au beau milieu de la marmaille, les jeunes comme les vieux s'échangeant les partenaires! Tout n'était pas triste comme on nous le raconte si souvent au sujet de la Grande Guerre! J'ai vu aussi parents et grands enfants à la même table, trouvant plaisir à s'entre-regarder mutuellement alors que chaque couple s'échangeait de longs baisers chastes. Sur cette scène, précisément, mon grand-père encadre le visage de ma grand-mère avec ses mains et dépose sur sa joue un baiser qui dure au moins une bonne minute pendant qu'elle continue de parler et de rire en levant les yeux au ciel. C'est bien ma Bea ça! ;o)

J'ai tant reconnu de ce qui compose mes familiers, bien que nous ne formions pas une famille élargie très proche et très unie. Je ressemble tant aux femmes de ma lignée, de même pour mes filles. L'air de famille est un héritage qui se transmet, et qui ne puise pas uniquement sa source dans le sang. Il y a tant aussi dans le caractère et dans la façon de vivre. Je pense bien que mes propres rubans familiaux et les milliers de photos prises de mes enfants représenteront autant quand viendra le moment d'éclairer leur propre recherche identitaire ainsi que les pans plus lointains de leur histoire. Je les entends parfois pépiller en se remémorant à partir des albums, et leur vie ne fait pourtant que commencer. Déjà, je sens bien qu'au-delà des évènements et des lieux proprement dits, il y a l'émotion recelée dans la photo qui forme un pont entre ce qu'elles sont aujourd'hui même et leur prime enfance. Ça, c'est précieux.

Aujourd'hui j'ai pleuré. J'ai aussi vieilli. J'ai marché sur des sentiers non fréquentés depuis nombres d'années. J'ai tâté mes racines, palpé tant leur source que la voie de leur émancipation, senti la continuité.

Grosse journée!

dimanche 4 juillet 2010

Confort existentiel



En généralisant, je postule qu'il existe en gros deux types de comportements face aux biens matériels. Certaines personnes effleurent leurs meubles, respirent à peine quand ils marchent sur leur beau bois franc, entretiennent leur maison, leur terrain, comme on le ferait d'un nouveau-né. D'autres vivent à fond, sans compter les égratignures! Sans être des démolisseurs pour autant, ces personnes ont l'habitude d'étrenner joyeusement les coussins du divan, d'écrire ou de boire sur une table sans en protéger la surface, de marcher parfois en soulier à l'intérieur sans faire un drame. Un léger bris, sur un plancher une armoire ou un évier, est en soi une preuve que les lieux sont habités et non pas une cicatrice béante, preuve de négligence ou de brusquerie.

Nous sommes de cette dernière catégorie de personne. Il nous est pénible en ce moment de surveiller chaque utilisation de chaque pièce, ou meuble, d'une maison qui nous est louée temporairement. Quelques égratignures de notre fait me donnent déjà quelques crampes dans le ventre. Pourtant, c'est bien normal avec tout ce petit monde, de s'attendre à quelques petites traces de notre passage. Notre table de cuisine habituelle a cent ans d'age. Elle porte sur sa patine de nombreux mots, d'anciens numéros de téléphone. Petit mari a déjà refusé de la vendre car selon lui elle avait "élevé" ses enfants! En effet, on y voit des marques de crayonnage! Imaginez donc que cette table fait corps avec tout ce que nous faisons, encaisse chaque verre qui retombe, chaque pointe de fourchette piquée à répétition par un enfant contrarié, etc. Pour l'heure, elle est entreposée au garage. J'ai dû mettre une nappe épaisse sur celle qui vient avec la maison, et que nous avions commencé de malmener affectueusement en toute familiarité. Il en va ainsi pour bien des choses dans cette maison temporaire. Notre façon de vivre se marie bien mal avec une précaution absolue en toute chose. Nous n'avons que bien peu à voir avec ces gens qui mettent des protections sur tout ce qu'ils vont être amenés à toucher et utiliser. Sachez que si vous nous invitez, nous serons très polis et prudents. Mais dans notre chez-nous, avec nos vieux meubles et nos planchers bien usés, nous prenons nos aises.

J'ai donc vraiment hâte que tout mon petit monde trouve un havre où un certain confort nous attend. Pas un confort matériel, celui-là nous l'avons, hébergés que nous sommes dans une maison au-dessus de nos moyens, dans un quartier cossu. Un confort existentiel. Ça c'est quand on peut prendre la pleine mesure des lieux, et les occuper à notre guise, selon nos sentiments. Claquer une porte si l'humeur y est, mettre son petit nez dans la porte patio et tacher la vitre, faire un dégât sans paniquer, pouvoir jardiner, échapper sans que le coeur cesse de nous battre dans la poitrine, entendre les enfants jouer sans me demander ce qu'ils casseront bien vite, sans doute. Voilà.


On est si bien chez-soi.
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