mercredi 16 juin 2010
Dans l'air du temps...
Au beau milieu des bubus cosmiques s'empilent des cartons contenant quelques-uns de nos trésors, mais surtout beaucoup de choses plus banales. Trop de biens matériels, n'est-ce pas là ce qu'on se répète quand vient le temps de bouger? La maison commence à prendre des airs d'entrepôt, et pour certaines pièces, une dépersonnalisation des lieux nous renvoie une atmosphère plutôt froide, comme si nous y étions étrangers, déjà.
Parti, le miroir des ablutions matinales, vide, le congélateur pourvoyeur de surprises glacées. L'horloge pain d'épices , dont s'est servie ma grand-mère après sa mort pour nous faire un dernier au revoir, a quitté avant nous pour le grand voyage, vers la grande ville.
Parfois il arrive que nous mettions la patte sur des petits objets restés introuvables très longtemps, comme des billes colorées du jeu de Toc, des photos retirées des albums pour différentes raisons, des livres de bibliothèque (!!). D'autres fois, c'est un fouillis qui nous attend, une opération de classement, un désencombrement.
Chacun retrouve et perd aussi une partie de soi-même, lors des déménagements. Présentement, il flotte une ambiance de dernières fois à laquelle les enfants sont toujours sensibles en pareille circonstance. On laisse derrière les bons amis d'école, un quartier dont on a si souvent fait le tour, un terrain qu'on connait par coeur, un petit coin tranquille dans une chambre, même partagée. Bien qu'ils soient conscients de récupérer tout cela au fil d'arrivée, l'attachement sentimental des enfants envers la réalité présente demeure et s'amplifie même au décompte des jours.
La lumière et le son ne voyagent plus de la même façon dans une maison qui se vide. La symbiose de tous les éléments du décor produisait cet air du temps qui nous était familier. Désormais, on y pense constamment, au départ, puisqu'il semble prendre pied directement dans le quotidien, devançant un peu le moment prévu.
Il n'y a pas que de la nostalgie, il y a aussi de l'excitation. Un peu d'insouciance aussi, qui sera bien mise à l'épreuve durant les dernières heures du dernier jour. Petite Fleur demande tous les jours si c'est LE bon jour. Elle a très hâte de pouvoir visiter ses grands-parents plus souvent, et les enfants de nos amis également. Les deux plus vieilles quant à elles ont le sourire mitigé, car elles savent bien que les instants des adieux seront lourds à porter. Pourtant, elles sont toutes deux optimistes face à leur vie qui se transforme. Mais comme on dit: chaque chose en son temps. Pour l'heure, il y a les examens, et les dernières journées d'école, déchirantes un peu sur le plan émotif. Quels souvenirs vont-elles garder de cette effervescence? Dieu le sait!
Notre matelas nous accueille à la fin de toutes de ces journées bien remplies, dont les nuits ne sont pas réellement reposantes. Demain m'espère déjà. Je vais de ce pas récupérer pour mieux continuer de mettre en format déplacement les effets de tous et chacun.
Libellés :
Déménagement,
Tranches d'amour
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
6 commentaires:
C'est tellement beau comme texte, tellement fort en image et en émotion. Je ne sais pas ce que tes enfants vont garder de se déménagement , mais je crosi que tu devrais leur garder ce texte quelque part pour leur montrer un jour, plus tard, peutetre quand elle déménagerons elle même ! Sa reflète tellement le changement vécu, et les émotions ! Bonne chance dasn les dernier préparatifs pour le grand départ, que dis-je le grand commencement !
Que c'est bien raconté! Vous avez vraiment un talent d'écrivain. Beaucoup d'émotions dans un déménagement. Tellement courageux avec un jeune bébé en plus. Mais vous ne manquez ni de courage, ni de détermination. Tout ira bien, on le sait et on le sent.
Merci pour les compliments de plume et les ondes de courage! :O)
Courage après ces dernières fois, il y aura plusieurs premières fois !!!!
J'aime ton texte, et je souscris totalement à l'image du son et de la lumière qui se propagent différemment avant un déménagement.
C'est vrai également après un emménagement, du reste.
J'ai connu tant et tant de déménagements que j'en ai presque conçu une aversion, pourtant à l'époque je vivais chacun avec entrain et énergie.
Énergie, je pense que le mot est là, je n'ai plus cette énergie.
Oh que oui que ton matelas doit t'accueillir le soir ! lol
Enregistrer un commentaire