Clin d'œil à Mi-trentaine, qui se plaignait l'autre jour de la
proximité envahissante de son voisinage...
Ce matin, sur mon perron avant, je tombe face à face avec un gros doberman noir. Aussitôt j'ouvre la porte pour le chasser, en criant suffisamment fort pour alerter le propriétaire. Je songe que c'est peut-être le nouveau chien de ma sympathique voisine massothérapeute qui ne nous a jamais salué en trois ans, principalement parce que nous prenions plaisir à jaser avec son
chum. Allez comprendre le monde!? Mais je note mentalement que le sien, de même race, a des taches brunes alors que ce chien est tout de noir poilu. Quel morceau de chance! Deux dobermans comme voisins!
Je songe immédiatement aux nouveaux voisins d'en face. Depuis que nous sommes dans cette rue, nous avions la chance d'avoir comme voisine d'en face une charmante dame de 93 ans, connue de nous uniquement par la rumeur puisque nous ne l'avons jamais vue hors de chez-elle! Tout lui était livré: la pharmacie, l'épicerie, et tous ces hommes qui se relayaient pour prendre soin du terrain, etc. Rien de bien sympathique, mais tout à fait accommodante, cette bonne petite vieille.
Quand nous avons vu cette nouvelle
caravan blanche entrer dans la cours, nous avons compris que les choses allaient bouger. Au début, nous en étions contents car notre plus grande crainte était à l'effet qu'un entrepreneur puisse acheter le terrain et construire deux ou trois blocs appartements, tant le terrain est grand. C'est une demeure ancestrale complètement délabrée qu'il nous semblait héroïque de tenter de redresser, seulement.
Mais il y avait peut-être pire, misère... Vu l'état de la maison, elle a été vendue ou louée à très bon prix par des gens...très étranges. Disons-le comme ça. C'est la réalité de la ville! On ne peut jamais vraiment savoir qui nous voisinera du jour au lendemain!
L'homme porte une veste style motard à frange avec une patch, un
pinch foncé faisant ressortir la pâleur de sa peau. Il est d'une maigreur à faire peur. J'ai vu des gens défiler, probablement pour aider à l'installation. Certains se promenaient en bédaine à -5, avec une bière à la main. Et ce matin, à la faveur de cette rencontre canine, j'ai pu avoir un contact visuel avec une autre membre de cette étrange maisonnée.
J'avais donc chassé le chien, on s'en souvient. Il avait retraversé en me gratifiant d'un jappement de défi, avec dans le regard cette expression claire: "
que fais-tu là, femme?". J'ai continué de l'observer un moment. Puis, une jeune fille chromée à la "punk", cheveux teints en noir et bretelles pendantes sur les hanches, s'est élancée à la poursuite du chien dans une attitude de jeu.
J'en ai profité, en voisine indigne comme on le pourra constater, pour ouvrir ma porte de devant, en jacquette et cheveux tirés à la va-vite (très intimidant j'en conviens). Je lui signifie, oubliant le bonjour, que son chien vient de traverser chez-moi. Elle me répond avec difficulté: "
euhhh si a s'rait agressive je la laisserait pas lousse là".
Oups, la moutarde me monte au nez, mauvais signe pour la suite. Je crois que nos possibles relations de bon voisinage ont à ce moment attrapé la grippe.
Je lui ai répondu du tac-au-tac que j'avais de jeunes enfants, et un chien également, et que je voulais qu'elle le garde de son côté. Ce à quoi elle a répondu avec une tonalité chantante: "
d'ââaaaaaaaaccccord". Le genre de réponse d'une personne pas très concernée, je pense bien. Il me faudra bien en découdre un jour avec ce que je crois être le père de la jolie demoiselle.
Qu'est-ce que les gens ne comprennent pas avec leurs chiens?? Pensent-ils que parce ces grosses bêtes sont adorables avec eux, que l'on doive instantanément les aimer nous autres aussi? Un chien si gros? Si mal dressé? Errant d'une maison à l'autre? Il se retrouvera face à face avec mon caniche, dans ma propre cour, et il n'en fera qu'une bouchée. Et je ne vous parle pas ici de mon inquiétude pour mes enfants!!
Me voici voisine indigne, bien que dans mon droit. Je n'ai certes pas eu l'air accommodante. Mais il n'y aura pas d'accommodements, voilà!