lundi 22 novembre 2010

J'ai changé



On change tous, heureusement parfois.

Il y a quelques années, je voulais fuir à Tombouctou. Je me disais que j'avais été gratifiée de la famille (élargie) la plus inintéressante et la moins apte à me comprendre au monde! Et que dire de la belle-famille? J'ai changé. Je m'assume mieux, et j'accueille aussi davantage.

Il m'arrivait de porter certains jugements très durs envers des membres de ma famille devant les enfants, ternissant du même coup le regard qu'elles portaient sur ces personnes. J'aurais dû savoir qu'on ne doit pas éteindre l'affection de nature filiale qui ne demande qu'à exister tout naturellement, pour des raisons d'orgueil ou de perception personnelle. Je trime encore durement pour réparer ce biais introduit par ma faute dans la tête des filles. J'y arrive presque, oui. Aujourd'hui je fais attention. Je leur présente le côté positif d'abord. J'essaie de les laisser à leurs propres idées, qu'elles sauront étoffer par la suite de leurs expériences. À moins bien entendu que la personne en tant que tel pose un danger ou un problème!

Les gens ne sont pas ce que nous pensons qu'ils devraient être. Ils ont leurs propres motivations, leurs propres névroses aussi. Et à la base, l'intention est rarement de blesser, même si au passage, on se retrouve égratigné ou lésé. Il faut accueillir la différence, et à la fois respecter ses propres limites. Équilibre souhaitable.

Il y eu la froideur et la maladresse parentale, les histoires de drogue et de belle-soeur, les parrains absents, les marraines distantes, les grands-mères indignes. Ajouté à cela tous mes écarts personnels, mes mots durs ou mes actes impulsifs. Autant de fresques et de frasques aux couleurs humaines. Autant de liens malmenés mais en même temps indissolubles. Et le temps qui passe dérobe la saveur des choses, de la bonne manière, afin d'en doser le tanin, le fiel, et l'amertume. Tout ce beau monde chemine, aussi, et nous arrivons à nous surprendre agréablement au fil des ans.

Aujourd'hui, je fais davantage de la place aux rapports familiaux. J'enseigne mieux à mes enfants le caractère précieux et unique de la famille depuis que je leur parle de cette importance que nous avons les uns pour les autres, valable également pour les tantes, les oncles et les grands-parents qui se montrent parfois indignes de cet épithète de par leurs longs silences.

Aujourd'hui je me suis rapprochée de ma mère, et nous nous parlons sans nous écorcher. Je sens de la tendresse chez mon père, là où elle a probablement toujours été. Je pardonne à la famille de mon Homme de ne pas partager notre rêve de famille nombreuse intégralement. Après tout, ils n'ont pas eu la chance d'être aussi près de nous qu'ils l'auraient vraisemblablement souhaité.

J'essaie aussi d'accueillir chaque conflit en l'enveloppant d'une aura de bonne volonté. À moins d'une offense majeure ou d'une relation destructrice, aucun lien ne mérite d'être définitivement rompu. Le mal qu'une telle coupure engendre est grand, surtout quand l'orgueil y est mêlé. Et l'affrontement perdant son sens au fil des ans, il arrive que le mutisme se maintienne sans raison. Un pan de l'histoire familiale se déchire alors. Parfois un tout petit pan, mais parfois aussi un grand trou.

Avant j'étais pour la ligne dure. J'ai changé.

6 commentaires:

Une femme libre a dit…

Moi aussi, je change tout le temps. C'est heureux que nous puissions et sachions le faire. Signe d'évolution et de créativité. Si on restait campées dans nos positions, notre vie et notre personne deviendraient plates et sclérosées. Vive le changement!

cryzal a dit…

Quel beau billet ...je trouve que notre génération on n'est porté justement a dire haut et fort devant les enfants ..on oublie le pouvoir des mots car cela nous soulage, nous libère...mais ce qu'il y a de plus beau et de leur montrer que l'on peut changer d'idée, que l'on peut s'amiliorer, s'excuser, changer notre comportement vraiment ton billet me touche et je t'en remerci et te félicite aussi ;)

La Mère Michèle a dit…

Merci beaucoup Cryzal! Je suis contente quand j'arrive à toucher une corde sensible aussi chez les autres! Je me sens comprise :)

Effectivement Femme Libre, nous devons être tout sauf statiques dans la vie!

Unknown a dit…

Wow, je t'admire là. Moi j'y arrive pas à 100 %. Surtout avec certaines personnes de mon entourage.

Tu donnes des cours ? lol

La Mère Michèle a dit…

Looange: c'est une attitude, mais pas une garantie à tout coup hahaha!

Justement hier, ma patience a recommencé à être mise à rude épreuve ;o)) (frère qui s'autodétruit). Mais je suis restée neutre, accueillante. S'il m'amène sa blonde fuckée (droguée et borderline) à la maison par exemple... euhhh c'est sans garantie légale ahahaha!

(Celle qui m'avait menacée de mort, tu te rappelles?)

Murielle et Olivier a dit…

J'admire cette attitude !

Comme d'autre, je parle aussi devant nos enfants leur transmettant ainsi ma façon de penser mais surtout les conflits de mon enfance qui ne sont et ne seront jamais réglès...

Avec le temps et la sagesse (nous avons le même âge !!)je "m'arrange" et essaie de garder un lien familiale pour eux mais ce n'est facile.

Merci pour ce billet qui me fait écho.

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