Ma petite Mélanie

Je m'ennuie de ma petite soeur.

La seule petite soeur de coeur que je n'ai jamais eue. Celle pour qui j'ai eu l'impression d'être un peu le modèle, lorsque je l'aie connue à 16 ans tout juste, et moi 25. Celle qui a été ma petite gardienne, ma compagne pour un café d'après-midi, ma collègue de travail pour un bout même, ma compagne d'étude, ma voisine de pallier et ma complice de magasinage.

Ensemble nous avons passé combien de tests de grossesse, assises dans ce café à attendre le résultat, son résultat à elle. Lorsqu'elle a eu enfin son + je n'étais pas là. Les deux fois. Une fausse couche très tardive que nous avons pleurée ensemble, puis son premier garçon. Que j'ai pu tenir dans mes bras à quelques heures de vie. Qui m'a remué les tripes et mis sur le chemin de la maternité pour une troisième fois. Chemin que nous avons partagé ensemble, séparées à peine par quelques semaines d'intervalle, elle pour son deuxième et moi pour Petite Fleur. Deux maternités l'une dans la fleur de la jeunesse, et l'autre dans la maturité de la trentaine. Deux coeurs de mère. Deux amies indissociables malgré la distance qui nous sépare maintenant, depuis mon déménagement.

J'ai trainé plus ou moins consciemment une grande mélancolie les premières années de mon arrivée dans ma nouvelle ville. Mon quotidien était parsemé de trous laissés vacants. Il y manquait son rire, ses anecdotes et ses potins savoureux, son vent de jeunesse! Avec elle je revivais mes jeunes années, le grand départ dans la vie! Au fil de ces années nous avons souligné sa majorité, puis salué ses premiers pas sur le grand marché du travail, gouté ses réalisations culinaires. Autant de caps attendrissants. Petit mari affectionne également ce petit bout de femme qui démontre tant de détermination! C'est qu'elle partait un peu de loin dans la vie, notre petite Mélanie. Indépendante à seize ans en appartement avec son conjoint à peine plus âgé, il fallait le faire!

Elle m'a toujours rappelé ma propre personne. Je me suis toujours vue en elle, malgré qu'elle ait été toutes ces années tellement plus raisonnable et posée que je ne l'avais été plus jeune. J'ai vu s'épanouir et s'affirmer sa grande assurance, son désir de s'appartenir, ce nez retroussé devant les obstacles, sa capacité à passer au travers des situations les plus drainantes, et sa grande loyauté. Voilà. Son coeur long à gagner, mais fidèle comme pas un. Je suis aussi comme cela. Quand j'aime c'est pour si longtemps que j'en perd les raisons initiales: je m'engage c'est tout.

Je n'ai pas toujours été là pour elle ces dernières années. Négligé sans doute beaucoup des grands "must to" de l'amitié. Mais aujourd'hui j'aimerais qu'elle soit près de moi, peut-être pour consoler mon chagrin, sans doute pour rire un peu, pour retrouver une époque, pour arpenter un centre d'achat! J'aimerais qu'elle soit là.

On ne dit jamais assez aux gens dans la vie combien ils sont importants.