La vie donne aussi

Ce midi, je m'en vais voir un bébé tout neuf, celui de ma grande copine: ma filleule.

Après un dur labeur d'une bonne douzaine d'heures, elle est née vers 22:00 pm hier soir. Une longue attente de toute une journée sans nouvelle. C'est dans l'enfilade solennelle des minutes, tricot serré d'angoisse et d'espoir, que l'on prend la mesure de toutes les possibilités, surtout les pires. Ce silence radio pouvait être positif, les contractions suivant leur cours, ou encore être annonciateur de tourments. On se refuse aux pires scénarios, malgré que certaines fois, la vie nous prouve qu'ils peuvent bel et bien advenir. Notre oreille se suspend au téléphone, espérant la fin du suspense. Je dormais quand la sonnerie m'a tiré de l'inconscience. À l'autre bout, la voix de la grand-mère, accomplissant sa mission. Soulagement.

J'étais allée la visiter hier, cette jeune grand-mère, pour partager l'attente. Au-delà de tous les scénarios, ce qui l'agaçait au plus haut point dans le fait de ne pas savoir, c'était d'imaginer la souffrance. C'était de songer à sa fille, chair de sa chair au coeur d'un lien que le temps ne rends pas plus ténu, dans de grandes douleurs. À l'époque, la péridurale n'existait pas! Et si pour sa part, elle avait connu des accouchements rapides et sans douleur, elle n'était pas sans savoir que bien des consœurs avaient vécu des expériences autrement plus traumatisantes.

Il est vrai qu'on ne peut véritablement comprendre que lorsqu'on a soi-même été placé dans les mêmes positions. Aucune de mes filles n'a accouché encore. Mais soudainement, j'ai pu entrevoir l'avenir: ma Grande Ado là-bas, et moi ici, sans nouvelle. Ma fille à moi, risquant le tout pour le tout, ma belle fille d'amour. Ouf!

Ce matin je vais la conduire auprès d'elle. Et je serai le témoin respectueux de la nouvelle vie de cette famille, qui accueille en son sein un trésors inestimable: les premiers instants magiques de la vie, une petite fille, un monde de promesses.