dimanche 4 janvier 2009

Les Signes (part two)



Je me demande si je devrais publier ce billet tellement il est étrange. À noter qu'il est précédé immédiatement de la partie 1, essentielle à la compréhension.

Avant hier, je me retrouve à faire du ménage dans mes bibliothèques. Mon but de la journée, et j'y tiens tellement qu'en fin d'après-midi je n'ai pas trouvé le temps de m'habiller tellement je suis en besogne, c'est de dégager un espace pour faire un rangement aux jouets de Petite Fleur, qui sont en train de nous envahir peu à peu.

Je mets la main sur un tas de photos anciennes que j'ai du mal à conserver car je n'ai ni l'espace ni le contenant nécessaire, et aussi en raison de la présence de gros cadres. Les photos sont précieuses, mais les vieux encadrements peuvent être jetés, ne présentant aucun attrait esthétique ou patrimonial. En effet, il s'agit le plus souvent de papier cartonné. Alors que je m'affaire à réduire l'espace occupé par ces trésors avec une détermination sans pitié, je tombe sur une photo de bébé dans un cadre rigide en bois. Mon premier réflexe consiste à observer la structure du cadre pour m'en défaire le plus rapidement possible. Puis je regarde le bébé, et j'ai un coup au coeur. C'est Petite Fleur, soixante-dix ans plus tôt. Sur cette photo un bébé d'une quinzaine de mois aux belle joues rondes, habillé comme l'étaient les poupons anciennement, d'une robe blanche garnie de rubans. Je pleure. Je ne peux m'arrêter. Le souvenir me revient, la voix de ma mère parle dans ma tête: c'est la photo de son petit frère mort en bas âge, Rodrigue. Détail anodin qui ne frappe pas de prime abord mais qui ne ment pas cependant: les genoux du poupons sont pleins de bleus sombres. Il était hémophile. Il a trouvé la mort de façon tragique, en se mordant tout bonnement la langue dans sa chaise haute, en mangeant un biscuit. Il a saigné au bout de son sang et ce sans qu'il soit possible de lui porter secours.

Bien que je connaisse cette histoire depuis longtemps, et que j'aie déjà vue cette photo par le passé, en cet instant précis, elle me parle. Depuis que j'ai envisagé de faire un quatrième enfant, je crains d'avoir un garçon en raison de ce potentiel d'hémophilie dans ma génétique. Pour les trois autres, je n'y ai jamais pensé. Pour ce dernier bébé, la chose m'obsède.

Un tel état émotif me surprend moi-même. Je me désole, je ne me comprends pas. J'ai l'impression que ce bébé sur la photo est le mien. Pas surprenant si l'on considère la ressemblance avec ma fille. Mais c'est plus profond. Suite à ce débordement de chagrin, je replace la photo sagement et tente d'oublier.

Hier soir donc, j'écoute Lisa W, une émission à Canal vie sur une médium. Tout à coup ça me frappe. Comme ça sans crier gare. Je serai enceinte bientôt d'un enfant, possiblement d'un garçon, qui pourrait être ce petit bébé mort prématurément de retour dans le monde. Ok, je le sais, c'est bien flyé. Que ce soit vrai ou non, c'est l'idée que je m'en fais. L'impression que j'en ai. Quoi qu'il en soit, si tel est le cas, je lui ai demandé de ne pas choisir à nouveau le même parcours de vie, afin de nous épargner cette maladie pas toujours drôle.

Il faut savoir que lorsque j'étais enceinte de Jolie Sportive, Grande Ado est venue me voir et m'a déclarée du haut de ses 5 ans: "maman, le bébé doit s'appeler Lucie". Sur le coup j'ai été bien intriguée car il s'agit du prénom de ma tante, soeur de ma mère et du petit Rodrigue, décédée du cancer une dizaine d'année auparavant. À l'époque, fortement impressionnée et respectueuse de cette volonté, j'ai donc baptisée JS de ce premier prénom, avant de lui donner aussi son prénom usuel (son prénom courant, qui est autre).

Étrange tout de même.

Étrange également que ce ménage opportun, et cette émotion ressentie devant la photo. Étrange également cette ressemblance pour des parents si éloignés. Étrange cette familiarité entre moi et ce bébé, cet oncle que je n'ai jamais connu. À moins qu'il ne s'agisse d'un instinct maternel et d'une empathie pour ma grand-mère qui a dû vivre cet horrible drame. Je ne sais. L'avenir dira peut-être s'il s'agissait là d'un signe, ou d'une anecdote sans valeur.

Dites-le! Elle est complètement capotée :-)))

13 commentaires:

grenouille verte a dit…

complètement capotée ??? non !! je te comprends car moi aussi,j,écoute ses signes .....étranges autant que flyés.....mais la seule différence ,c'est que moi je suis gênée de les raconter hihihi !! ne t'en fais pas.....ton bébé sera peut être un garçon mais .....lui il sera en parfaite santé comme tes autres......sois douce avec toi et .....imagines que le meilleur pour ton amour et toi xx

La Mère Michèle a dit…

:O)

Merci Grenouille, courageuse commentatrice :)

Anonyme a dit…

Je ne te crois aucunement capotée. Ya des choses comme ça, qu'on sait, tout bonnement.

N'ayant pas de conjoint ni d'enfant, moi, ce sont des amis que j'ai reconnu.
Des amies que j'ai cru connaître, ailleurs, dans une autre vie. Des amies qui sont devenues des soeurs de coeur en l'espace d'un instant.

J'te souhaite que ce bébé soit le tien, mais en santé, et qu'il fasse votre bonheur!

La Mère Michèle a dit…

Je te crois Lily pour les amis. Y a des gens avec qui les liens sont aussi forts que la famille, même bien plus, parfois.

Sarajélu a dit…

Tu n'es pas capotée voyons!!! Moi aussi j'écoute les signes maintenant. Lorsque j'étais enceinte de mon premier fils, j'ai rêvé de lui. Sur le coup, mis à part la clarté du rêve, j'ai cru à un rêve banal. Celui-ci m'a marqué énormément par contre. Lorsque mon fils est né, j'ai été énormément surprise de constater que le bébé qui était dans mes bras était le même que dans mon rêve. Même visage, cheveux et pyjama. Depuis ce temps, je suis plus à l'écoute. Je n'ai jamais rêvé de mes autres bébés par contre. J'aurais bien aimé.

La Mère Michèle a dit…

Sarajelu: c'est tout à fait ça! Ce genre de feeling...

Anonyme a dit…

Chère Mère Michèle,
C'est curieux, je ne viens que très rarement sur ton blogue, et voilà que je tombe sur ces deux textes-là. J'ai moi aussi ma petite histoire à raconter...
Quand j'avais 22 ans, j'allais de temps en temps sur des sites de rencontres sur internet. Un jour, j'ai commencé à correspondre avec un garçon. Puis, 3 mois plus tard, nous nous sommes vus pour la première fois. Ça a cliqué tout de suite! À la fin de notre première rencontre, je me suis demandé, très clairement, si je ne venais pas de rencontrer l'homme qui allait être le père de mes enfants. Mais bon... Nous n'étions pas prêts à nous fréquenter à ce moment-là. Nous sommes restés amis, les années ont passé...

Nous avons par la suite découvert que nous avions plein d'éléments semblables, dans nos vies. Nous avons habité le même quartier à Montréal; ma mère et ses parents viennent d'un petit village voisin, à 350km de Montréal, près de Montmagny; sa soeur est professeure à mon ancienne école secondaire, en Outaouais (à 250km de Montréal); son meilleur ami a fait son baccalauréat dans la même discipline que moi à l'UQAM, l'année après moi et il l'amenait souvent aux partys organisés (j'y allais souvent, mais je ne me souviens pas d'avoir rencontré ni l'un ni l'autre); il a travaillé sur la rue Ste-Catherine en même temps que moi, à quelques adresses à peine (il venait se chercher des cafés là où je travaillais); sa soeur a gardé la copine de mon cousin quand elle était enfant, à Boucherville, et j'en passe. Et il a fallu qu'on se rencontre sur internet! C'est quand même étrange, non?

Puis, après plus de 3 ans de fréquentations en tant qu'amis, nous sommes tombés amoureux. Aujourd'hui, nous formons un couple depuis un peu plus de cinq ans et notre premier enfant, un beau petit garçon, a maintenant 14 mois. Nous prévoyons avoir un ou deux enfants de plus...

Comme quoi, des fois, l'intuition, ça ne trompe pas! Enfin... Les signes, moi, j'y crois! ;-)

Marie,
30 ans

La Mère Michèle a dit…

Ayoye Marie!!!!!!!!!!!!!!!!!!

C'est pratiquement impossible que ce soit le hasard n'est-ce pas?? Ouf!

Toutes ces correspondances sont comme des phares pour vous mener l'un vers l'autre, et vu le nombre, je croirais volontiers que vous avez mis le paquet pour ne pas vous rater!!

J'adore ces tranches de vie :oD

Anonyme a dit…

Comme les autres, je ne crois pas que tu sois capotée... moi-aussi, je crois en ces signes.

En passant, l'histoire du petit Rodrigue m'a mis les larmes aux yeux... c'est dont ben triste comme histoire cela..

La Mère Michèle a dit…

Mets-en que c'est triste :( Pis ça a l'air qu'il ressemblait à un ange en plus... tout blond... tout souriant :oSSS

Grande-Dame a dit…

Capotée, ben oui, pis on l'aime de même!

C'est donc bien triste l'histoire de ton oncle!

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup vos expressions.
Normal : je suis française.
Chez nous on dirait "être fêlé".
Et comme je le suis aussi ;-)

Je suis attentive aux signes moi aussi.
Le prénom que porte mon ainé est aussi en hommage à son grand-père, décédé tragiquement, et dont j'avais revu l'incarnation sur un bord de route une nuit sous la forme d'un grand cerf.
Et le prénom de mon cadet c'est lui-même qui me l'a dit, une nuit, alors que j'étais au milieu de ma grossesse.

Je crois que l'hémophilie se traite bien maintenant.
Et surtout que ce déclencheur (la photo de ton oncle défunt) va laisser la place à une petit âme dans ton ventre sous peu.

Lors de l'enterrement de mon grand-père maternel des amies à lui, à ma vue, ont pleuré parce que je ressemblais à sa femme, décédée depuis bien longtemps. Je n'ai vu qu'une seule photo, très arrangée, de cette femme des années 1940. Je n'ai pas le sentiment de lui ressembler. Pourtant je sens une filiation au plus profond de moi avec cette partie de l'histoire familiale. Il est possible que je rejoue une partie qui s'était terminée trop tôt.

Je suis sûrement fêlée moi aussi. Ou alors fada comme ils disent vers Marseille, et qui veut dire "habité par les fées".

J'aime beaucoup te lire, par-delà l'océan.

La Mère Michèle a dit…

Je vous ai toutes lues avec attention mes amies!

Merci!!!!

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