Aurevoir

Quand je suis allée voir ces beaux papillons, je n'ai pu m'empêcher de penser que bientôt tu en ferais autant. Léger, libéré, jeune et resplendissant à nouveau. Je me suis plu à t'imaginer comme le grand papillon bleu, celui qui symbolise si bien la cause contre le cancer: si gigantesquement majestueux, si touchant.

Tu nous a quitté hier, fatigué de vivre, à 98 ans. C'est un beau pointage de vie ça!! Tu es parti dans l'inconscience mais il valait tellement mieux ainsi! Pourquoi souffrir quand on peut dormir?

Il y a des années que je ne t'ai pas parlé vraiment. Depuis longtemps tu ne nous reconnais plus. Sénilité qu'ils disaient. Qu'importe, au moins tu vivais bienheureux.

J'aurais aimé que tu me reconnaisse, l'été dernier. Comme tu étais doux. Un lion dans ta jeunesse, paraît-il. Pas commode du tout. Mais moi je n'ai connu que l'homme doux, le tendre, celui qui était attaché à son épouse, à ses petites habitudes, celui à qui on pouvait tout demander. Combien de fois es-tu venu me chercher, me porter, au travail, à la piscine, chez des amies ...

Je n'ai plus de grand-père. Depuis longtemps, oui. Mais depuis hier, tu n'es plus là et non, aucune chance que tu me reconnaisses la prochaine fois, et non, plus de ta présence physique pour me rappeler la mienne, et toute ma jeunesse passée.

Mais, je crois que c'est dans l'ordre des choses. À presque cent ans, tu as fait ton bout n'est-ce pas?

Et puis, on se reverra!

Au revoir grand-papa! xxxx