lundi 9 juin 2008

Est-ce dur d'être une maman?



Je me rappelle, un jour que j'étais enceinte de Petite Fleur, ma 8 ans, est venue à moi pour une énième fois avec cette question en tête.

Inquiète sans nul doute face à ses propres décisions concernant l'avenir, elle voulait savoir quel calvaire était le mien, sans doute! Voici le billet que je lui avais dédié alors, en guise de réponse.

Est-ce dur d'être une maman?

Depuis plusieurs semaines, depuis que je suis enceinte en fait, ma 8 ans m'observe de son œil inquisiteur et me demande régulièrement: "est-ce que c'est dur d'être une mère, dit maman?"

Force m'est d'avouer que la dite question survient souvent dans des moments révélateurs: alors que je me plains de manquer d'aide aux heures de repas, l'humeur en bataille et l'oeil noir, par exemple. Ou encore quand je me plie pour ramasser les petites bobettes et bas tous rabougris laissés pour morts sur le plancher de la salle de bain à l'heure de la douche, et que je laisse échapper un lonnnng soupir d'exaspération.

Dans ces moments, elle me regarde et, sous la torture de ses yeux interrogateurs, j'ai bien envie de répondre oui, bien souvent. Je songe à ces derniers mois où mon sommeil ne fut qu'un concept, où j'ai dû ramasser à la guenille du vomi plus rapide que l'éclair, où j'ai dû trimer sur un panier à linge propre devant être monté à l'étage avec ma bedaine en contraction par l'effort, pour me retrouver invariablement devant une malle à nouveau pleine de fringues féminins dans le corridor attenant aux chambres. Je pense aussi à ces incessantes querelles de soeurs, à toute cette colère qu'il faut leur montrer à gérer si l'on ne veut pas être accablés par les cris, et je me dis que de rajouter une troisième comparse de sexe féminin dans la demeure était tout sauf stratégique à ce niveau! :)

Elle a le flair, ma petite. Elle a su me saisir dans un instant de faiblesse, trouver la faille. Il y a quelque jours, je lui ai lancé un "oui capitulatoire". Elle n'a su que répondre. Et moi de même pour un court instant, suite à cet aveu. Quel impair! Grâce à moi, ma fille n'aura jamais d'enfants! Quelle maman exemplaire, misère ... ! Oui c'est dur d'accoucher, oui c'est lourd la bedaine, oui tu me donnais aussi de ces gros coups de pieds.. oui oui! Oui je suis fatiguée, là, en ce moment, aujourd'hui.

Mais....

"Pourquoi crois-tu que maman sois de nouveau enceinte? "

-"Je ne sais pas", qu'elle me répond, en toute logique. "Moi en tout cas, je veux pas accoucher, ah ça jamais de la vie!". Elle n'arrive pas à assumer complètement la biologie de la reproduction, cette petiote, surtout la partie ou une tête grosse comme un bon pamplemousse se glisse, là, dans le "trou du pipi". Ça viendra en son heure, que je lui répond.

J'entreprends alors de réparer en lui exprimant ma pensée: "C'est parfois difficile d'être une maman c'est vrai, et mettre un bébé au monde c'est aussi une des choses les plus difficiles qui soit, il faut forcer beaucoup et se montrer courageuse. Mais tu sais, je suis bien récompensée aussi! Elle me regarde sans dire un mot et attend la suite, une moue dubitative aux lèvres. "Tu sais, quand je m'inquiète parce que l'autobus est en retard et que soudainement je te vois sautiller dans la rue, mon coeur se remplis de chaleur parce que je sais que tu reviens vers moi, que tu t'es ennuyée de moi, que tu as pensé à moi, vrai?" Elle hoche la tête. "Quelle maman chanceuse je suis à ce moment là! "

"Et quand tu poses ta petite main fraîche sur ma petite bedaine et que ta petite soeur s'agite instantément comme par magie, parce que c'est doux, parce que c'est toi, parce qu'elle te connaît déja, je sens le lien entre toi et elle, je sens le lien entre moi et vous deux, et je sais que nous ne serons jamais séparées, n'est ce pas que je suis chanceuse?"

"Et quand je te vois parler aux adultes avec assurance, exprimer ta pensée avec structure, te montrer ferme et clairvoyante, je suis si fière de voir que je t'ai suffisamment aimée pour que tu acceptes d'avoir confiance en toi. Je t'ai tenu la main et voilà que tu marches seule car j'étais là pour toi, et j'ai réussi. Tu es ma petite victoire. Ne devrais-je pas me sentir privilégiée? Et quand tu ris à gorge déployée, je me dis que tu as trouvé le bonheur auprès de moi, est-ce que je ne suis pas profondément heureuse alors? Et quand tu es malade, et que je vois dans ton regard que je suis la seule personne que tu désires auprès de toi, je me sens si importante. "

"Et toute cette joie, ces jeux, que seraient Noël et toutes les fêtes si tu n'étais pas avec moi pour partager ma vie? Ce serait une vie bien triste dans un monde d'adulte tu sais."

"Et tous ces calins, tes douces menottes sur mes joues, ou ce baiser délicat, l'odeur de ton front à la racine de tes cheveux, celle de ton cou... comme je suis bien récompensée par l'amour, pour le fait de t'avoir portée dans mon ventre! Crois-tu qu'une personne pourrais être plus proche de moi que tu ne l'as été dans mon ventre même, à l'intérieur, comme une partie de moi. Tu es venue à moi dans ce nid, par la magie de la vie, et c'est comme un cadeau inexplicable mais si précieux."

"Tu vois bien qu'accoucher c'était finalement un moment magique puisque c'était ton entrée dans le monde et notre rencontre! Et après tout, la douleur ne dure pas bien longtemps et s'oublie facilement quand une maman a devant soi des yeux pareils aux tiens, qui dès les premiers instants ont sondé mon âme et m'ont exprimé leur attachement éternel, sans aucune conditions. Bien rares sont les choses aussi précieuse sur la terre, ma belle. Même si c'est parfois dur d'être une maman, je te jure que c'est aussi la plus grande chance qui soit. Et que jamais je ne voudrais d'une vie sans mes enfants"

Et j'ai ajouté pour moi-même qu'exprimer le contraire est une odieuse ingratitude. Mais bon, je suis humaine et ne suis pas à l'abri de me trouver momentanément avec le jugement altéré par la chaleur, l'épuisement, les bobos de grossesse, et les embêtements du moment.

Fillette recouvra la parole suite à ce long discours dithyrambique pour affirmer gravement, après avoir soupesé tous les aspects du problème: "ouaiiiisss, j'en aurai peut-être deux, ou trois MAIS PAS PLUS!!!!". Puis elle repartit en trottinant.

Mission accomplie, mon capitaine, les missiles ont touché la cible! ;o)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Peut-être que si ma mère m'avait dit tout ça un jour, j'en voudrais des enfants aujourd'hui...

La Mère Michèle a dit…

Calins xxx :)

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